Quand est venu le moment d’écrire un nouvel article, le mot « rôle » m’est venu en tête, puis « ne t’identifie pas aux rôles que tu joues ».
J’ai longtemps pratiqué le théâtre en atelier et sur scène. En endossant un rôle, j’ai pu explorer comment je pouvais être juste dans les émotions et le caractère du personnage (c’est ce que le public me disait) , tout en ayant une partie de moi qui était comme observatrice et consciente de la scène, du personnage, des partenaires de jeu, du public. Pour bien jouer et dans le plaisir, je devais aimer les personnages que je jouais. Ce n’était pas toujours immédiat, pour aimer le personnage, il me fallait parfois une longue exploration pour apprendre à le connaître vraiment.
Je suis reconnaissante de ce que cette expérience m’a apporté: vouloir apprendre à jouer les rôles de ma vie authentiquement, sincèrement, pleinement, tout en ayant conscience que je ne me limite pas à ces rôles, qu’ils évoluent, qu’on peut me retirer de la distribution, que d’autres se présenteront mais aussi que la comédienne est bien plus que ses rôles. C’est un apprentissage parfois difficile. Comme tout un chacun, je peux me sentir débordée par les émotions et la souffrance, par oublier que je suis plus grande que le rôle que je joue, par lier mon identité et mon intégrité à un rôle et paniquer parce que je crois que je joue mal ou parce qu’on me critique.
Plus concrètement, voici quelques exemples de ce que je fais :
Apprendre à regarder ma vie de cet espace où je peux « voir le jeu se dérouler »
Là, se trouve essentiellement la pratique journalière de la méditation. C’est l’ego et le mental qui nous racontent que nous sommes limités et piégés dans le personnage que nous jouons. La méditation peut être telle qu’on la présente en général, en assise dans un espace calme mais je la vis également en mouvement, en allant dans la nature, en entrant en relation avec des présences subtiles qu’on ne peut entendre si le mental bavarde.
La pratique de la méditation se répand largement et c’est une excellente nouvelle pour nous aider individuellement et collectivement à sortir des jeux de l’égo, de l’attachement, de la confusion. Pendant longtemps, je n’ai pas osé dire, même à mes proches, que je méditais. Maintenant j’anime des ateliers découverte, par exemple pour des étudiants ou des retraités!
Ma famille, mes amis qui savent être confrontants, sans jugement, m’aident également à prendre cette distance. Quand je suis vraiment coincée, je consulte un professionnel de l’accompagnement. Dans ma propre pratique d’accompagnement, la supervision est essentielle pour ne pas être piégée à mon insu.
Veiller à l’attachement ou l’identification au rôle par les « ma, mes, mon »
J’ai toujours eu beaucoup de mal par exemple à dire « mon mari ». Il n’est pas à moi. Je ne comprends pas comment on peut dire que « une telle a piqué le mari de machine » ! Non, mais, il y est allé tout seul sur ses deux petites jambes le mari non?? Et puis quoi, on piquerait donc quelqu’un comme on chipe un DVD dans un magasin?
On entend souvent des responsables, en entreprise ou en politique, dire « mon équipe », « untel travaille pour moi »; « mon sous-directeur »…Ils ont oublié qu’ils jouent un rôle de facilitateur au service de l’organisation qui le leur a confié. Peut-être sentez vous la différence avec « l’équipe que j’anime ou dont je suis le dirigeant » , « untel qui travaille dans l’équipe que je dirige », « le sous-directeur ».
J’ai exploré avec Olivier Lecointre quelques pistes concrètes pour déjouer les attachements, les identifications aux rôles en collectif dans le livre « Manager avec les Accords Toltèques ».
Des alternatives au mode de fonctionnement pyramidal et d’identification aux fonctions (rôles) ont émergé dans les dernières années. L’holacracy en est une qui m’a séduite. Je ne suis pas une experte, vous pouvez trouver sur la toile plus d’informations.
Observer quand j’utilise « je suis » et corriger si c’est utile
Nous avons l’habitude de parler de nos émotions, de nos souffrances, de nos jugements … en commençant par « je suis ». Je suis triste, je suis trop grosse, je suis malade, je suis fatiguée.
Je veille à remplacer cela par « je vis l’expérience » ou « je fais l’expérience de ». Observez ce que cela peut changer, même de façon très subtile de dire plutôt : je vis l’expérience de la tristesse, je vis l’expérience de me juger trop grosse, je vis l’expérience de la maladie, je fais l’expérience de la fatigue.
Viser au jour le jour l’AMOUR inconditionnel du personnage principal de mon scénario de vie : LAURENCE
Dès que je me vois me juger, j’explore les racines, les croyances qui m’amènent ainsi à me rejeter et je les neutralise avec ma « clef universelle » (ce n’est pas un secret : c’est le « pardon de soi »). Comment bien jouer le scenario de ma vie si je n’aime pas le personnage principal?
C’est sans fin? Oui, sans doute, mais c’est ce que j’ai trouvé de plus efficace à ce jour pour accéder à la joie et à l’émerveillement, le coeur en paix.
Voici ce que je crois : je joue le premier rôle du scenario de ma vie, même quand je ne le sais plus, même quand je n’y crois plus, même quand je pense que d’autres rôles sont plus importants que le mien.
Je suis également créatrice du scénario global, d’un plan de moi relié au divin que l’ego et le mental ne peuvent pas forcément entendre. La mise en scène se construit au jour le jour à partir de ce scenario, de mes choix , en coopération avec mes partenaires de jeu.
Si je devais attribuer un Molière ou un César à cette oeuvre, elle aurait tous les prix : meilleur premier rôle, meilleurs autres rôles, meilleurs comédiens, meilleure mise en scène, meilleur spectacle drôle, meilleur scenario burlesque, meilleur drame bouleversant, meilleure équipe de tournage, meilleurs décors, meilleure musique, meilleurs effets spéciaux …
Et le film de votre vie, à vous, n’est pas en compétition : il a tous les prix aussi . 🙂
Laurence Aubourg
Un grand merci à tous pour vos messages vitaminés et chaleureux.
Lise
Merci beaucoup pour ce billet et pour tous les autres, moments privilégiés quand ils arrivent sur ma boîte mail : à la fois pause, recentrage, méditation et exploration… Vos mots sont simples, sincères et pleins de bienveillance, si profondément humains ; ils m’accompagnent et m’aident au quotidien, parce que votre parole est concrète, actuelle et proche de moi, de nous tous, vos lecteurs. Et ce texte le prouve encore une fois… il résonne fort, me touche particulièrement…Alors je vous envoie ma reconnaissance et ma joie de vous lire, hier, aujourd’hui et demain… Belle journée à vous Laurence !
Sébastien Samper
Coucou Laurence,
Merci pour ton Amour et tes offrandes qui réchauffent les cœurs. Merci pour tes éclairages…. Merci la vie.
Je t’aime
Sébastien
Florence CASILE
Ah non Laurence! n’arrête surtout pas!
Le plaisir est là aussi pour moi!
Et merci à Philippe de sa manifestation, occasion pour les petites souris de sortir de leur trou!
Ton univers touche, parle, fait rire, sourire, interpelle…pour moi est un temps d’entracte à l’instant où je te lis avant de reprendre la route de ma propre scène, étourdie par les effluves de ton billet!
C’est trop bien!
Grand merci à toi pour ces entractes dans nos vies et pour ta belle energie!
Atout coeur
Laurence Aubourg
Cher Philippe,
Waouh… ton message me touche en plein coeur!
Alors que je traversais un moment de doute … a quoi bon, faut-il continuer à écrire ces articles, est-ce que je ne me fais pas surtout plaisir à moi… ton message crée un coup de théâtre et une retournement de situation. Merci pour ce rôle que tu viens de jouer pour mon plus grand bien!
Philippe Enon
Chère Laurence,
Par la voie(x) de Denise L., cette connexion s’est faite avec toi il y a déjà un certain temps. Comme je Remercie la Vie pour ce lien établi !
Je me permets d’employer le « Tu »à ton égare, non par familiarité déplacée, mais juste pour ce sentiment d’unité qu’il me procure, lorsque je m’adresse aux Soeurs et Frères de l’organe Humanité.
Merci Laurence pour ce superbe et subtile billet !
Je te lis régulièrement et cela interpelle toujours, au moins « une partie » de ce qui fait mon « moi ».
Cette fois-ci c’est plus fort que « moi » ;-), je prends le temps de te laisser un commentaire. Peut-être est-ce le fait d’avoir également exploré les méandres de ce fabuleux métier de comédien et qu’à la lecture de ce billet je me suis senti encore plus en lien avec tes mots.
Quoi qu’il en soit, tes billets me nourrissent, m’éveillent, me font sourire, me mettent en Joie, me surprennent, m’apprennent (je viens d’aller découvrir sur la toile ce qu’est l’holacratie, très intéressant ce modèle !), me questionnent, me font voyager, m’illuminent, …
Alors pour tout cela, du fond de l’Etre que je suis, je te remercie infiniment. Et puisque janvier est encore le Présent …
Puisse une Chaleureuse et Belle Lumière inonder ton Chemin, et tout au long y voir éclore tous tes Souhaits ..