Pendant longtemps, j’ai mené un combat épuisant et absurde pour trouver pleinement ma place dans des communautés. Je vivais l’expérience du jugement de ceux qui trouvaient que j’étais ou trop , ou pas assez, pour véritablement appartenir au groupe.
Je ne sais pas si vous connaissez le principe des injonctions paradoxales. Une petite blague le résume assez bien.
Une femme offre à son époux deux magnifiques cravates pour son anniversaire.
Il adore les cravates. L’une est dans les tons bleus, l’autre dans les tons gris.
Le matin suivant, il se présente joyeux devant sa femme avec la cravate grise. Moue acerbe de celle-ci. « Je savais bien que tu n’aimais pas la bleue »
Mon expérience était de vivre des injonctions paradoxales dans des tas de domaines.
A l’école, j’étais trop douée intellectuellement pour mon âge , mais trop bête pour être intégrée dans les groupes de copines. En entreprise, j’étais trop féminine alors que dans le même temps, on trouvait que je manquais de féminin dans des cercles de femmes. J’étais trop sensible en entreprise et trop pète-sec ailleurs. On me disait un peu trop illuminée d’un coté et trop intellectualisante de l’autre. Trop sérieuse pour certains, pas assez impliquée pour d’autres.
La malédiction c’est la souffrance du sentiment de n’appartenir à aucune communauté pleinement, de n’être accueillie à bras ouverts nulle part.
Le cadeau de ces expériences, c’est de ne pas avoir envie d’exclure, c’est de ne pas savoir généraliser, c’est de ne pas avoir envie de contribuer dans des communautés, de quelque nature que ce soit, quand elles se définissent par l’exclusion et le jugement. Quand ce n’est pas « spirituel », de gagner de l’argent et réussir en entreprise. Quand ce n’est pas féministe d’avoir de la compassion pour les hommes. Quand c’est féministe chiant de parler des injustices faites au femmes. Quand ce n’est pas artistique d’être douée en maths. Quand ce n’est pas sérieux de vouloir vivre de son art. Quand être patron c’est être exploiteur. Quand être chômeur c’est être assisté… etc…
Le cadeau, c’est d’avoir appris à conjuguer le ET qui unit, qui enrichit , plutôt que le OU qui sépare et limite.
Deux évènements m’ont aidée à accepter mon coté multiple (outre le fait que je suis du signe du Gémeaux, ascendant Poissons, deux signes doubles. A moi toute seule, déjà, je suis 4!). Pendant ma formation de coaching collectif, le groupe a fait un test de personnalité. Je ne sais plus lequel. Ce dont je me souviens très bien, c’était que sur le schéma récapitulatif, il y avait des personnes dans plusieurs cadrans et que j’étais toute seule … au centre. Ma première réaction a été , zut, là aussi, je ne suis avec personne . La formatrice a alors relevé combien cette place centrale était puissante. J’étais capable de me déplacer vers tous les autres cadrans, de les comprendre et de jouer un rôle de médiation et de cohésion. Ah ben ça alors!
L’autre expérience, très différente a été un test pour savoir quel était mon dosha principal en Ayurveda (vata, pitta, kapha), afin d’ajuster mon régime alimentaire et me sentir mieux. Vous voyez venir le résultat n’est-ce-pas ? Pas de OU … j’étais globalement assez équilibrée entre les 3! Quand j’ai demandé à ma conseillère en ayurveda, Claudine Rubiella, ce que je pouvais manger, à part le riz préconisé dans tous les cas, elle m’a répondu que c’était à moi, chaque jour, de suivre ce que mon corps me disait.
Je choisis de ne plus être tiraillée par des normes qui séparent et divisent. Je choisis la réconciliation et la paix. C’est ma quête. Et comme tout ce dont je suis témoin à l’extérieur de moi est le reflet de conflit, d’injonctions paradoxales à l’intérieur de moi, j’en profite pour aller regarder et réunir à cet endroit là.
Pour cela, j’utilise un protocole tout simple. Je regarde le conflit ou la séparation intérieurs. J’imagine que je mets les deux parties dans chaque main. Je prends un temps pour sentir, soupeser. Puis je rapproche les mains, je les joins, j’inspire et en expirant, je viens les mettre au niveau du cœur, dans l’intention de réunir et réconcilier dans cet espace.
Quelques exemples : masculin/féminin , argent/spiritualité , besoin de sécurité/envie d’aventure, femme/homme, vulnérabilité/audace, ombre/lumière , abondance/vide
Claudine Collet-Rubiella
Merci Laurence, pour cet article !!! 😀 Ah Ah Ah ! ça me résonne bien tout partout ! Oui, le sentiment d’être trop souvent à « l’opposé du bon endroit », j’ai longtemps ressenti ça aussi. Maintenant ça va beaucoup mieux ! Je me sens désormais « très bien ET au bon endroit ». Si jamais d’aucuns pensent autrement, je ne suis pas au courant ! 😀 Bisous, Laurence ! à un de ces jours !!! Joie et Bonheur !!! <3
Anne Corbellari Gingrich
Merci Laurence pour ces mots justes que tu trouves!
La physiothérapie ET l’équilibrage… Je devrais pouvoir faire les deux! Juste patience et communication…Enfin je crois…
Merci aussi pour tes accompagnements en méditation, ils me sont très précieux!
sylviane godde
Merci Laurence pour la façon pratique que vous nous communiquez pour réunir nos ambivalences. cela me parle (je suis aussi gémeaux mais ascendant lion) et actuellement je suis constamment trop ou pas assez…. amicalement Sylviane
Solange Eguiguren
Tellement juste ce que tu décris là Laurence!
Bizarre bizarre, je m’y retrouve aussi dans cet entre-deux ou trois ou quatre permanent! Suis devenue un « as » de l’intégration des opposés, et au final, je m’en réjouis plutôt ;-)…
Belle continuation à ce blog ornithorinque qui requinque!!!